Sur des tables bancales s’étalent tous les livres ;
Et, derrière les piles dressées en équilibre,
Les visages anxieux des auteurs exposants,
Chacun devant son bien, chacun à son auvent.
Leurs livres, leurs enfants, sont offerts à la foule ;
Oui, mais… de foule point. Comme un ruisseau qui coule
Le flot des curieux passe sans s’arrêter.
Un regard, un sourire… Prêts à continuer !
Que viennent-ils chercher ? Quelle envie les entraîne
Vers se lieu isolé ou s’étalent poèmes,
Témoignages de vie, et romans, et essais ?
Rentre un caniche blanc par ses maîtres traîné.
Dans son petit cerveau de chien à sa mémère,
Que peut-il percevoir, lui qui est au ras de terre,
De l’attente fébrile de tous ces exposants,
Espérant, redoutant voir partir leur "enfant" ?
ce petit animal, comment peut-il savoir
le mal-être qui flotte, lui qui ne peut tout voir ?
Devant chaque étalage il s’arrête pourtant,
Attentif à chacun, et chacun contemplant ;
Que peut-il percevoir de toutes leurs souffrances,
Sous le masque imposé par la simple décence,
Est reparti soudain le tout petit chien blanc,
Traîné en bout de laisse par un maître insouciant.