Ceux qui parmi vous me connaissent un peu savent ma peur viscérale des araignées. Même de la plus
petite, la plus inoffensive !
Or, un jour… Oui, cela commence comme une histoire, écarquillez vos yeux ! Un jour donc, - je
devais avoir 8 ans - dans le lavoir de notre cour, lequel lavoir jouxtait la remise du bois (et de bien d’autres choses !) je vois une grosse araignée, bien velue, bien dodue, bien énorme,
en train de se noyer. Dans la maison, d’accord, c’est chez moi ! (et accessoirement chez mes parents) Mais dehors, c’est le domaine des animaux, quels qu’ils soient. Je veux donc
entreprendre le sauvetage. Il fallait faire vite !
J’avise une des longues perches que ma mère utilisait pour ramer les haricots grimpants, je me
camoufle comme je peux derrière la porte, et plonge la rame dans l’eau du lavoir. Evidemment, la pauvre bestiole s’empresse de se cramponner à ce bâton de sauvetage. Mais
moi !!! Moi, j’ai l’impression qu’elle va me sauter dessus, je lâche tout ! Voilà ma
bestiole qui patauge à nouveau.
Jacky, du courage ! Cette bête a le droit à la vie ! Allez ! Recommence ! De
toute façon, tu n’as jamais vu une araignée sauter ainsi !
Je reprends mon long bâton (il fait plus de deux mètres, tout de même). Je le tends de
nouveau
à la naufragée, toujours en me mettant le plus possible à l’abri derrière l’embrasure de la porte..
Bien sûr qu’elle veut vivre ! Bien sûr qu’elle commence à se cramponner ! Hélas ! Bien sûr que je lâche tout à nouveau…
Jacky ! tu n’as pas honte ? Regarde comme elle se débat ! Bon, non, ne regarde pas,
mais reprends ton bâton…
Alors, pour la troisième fois… On dit bien « jamais deux sans trois » ! et cette fois,
quand j’ai vu l’araignée, bien noire, bien poilue… bien trempée, accrochée au bâton, j’ai fermé les yeux, tout jeté au milieu de la cour, et j’ai filé à toutes jambes ! Sans même lui laisser
le temps de me remercier. Mais je me demande si elle y aurait vraiment pensé ?Elle devait surtout avoir envie de retrouver son trou…
Mon histoire n’est pas finie ! Quelques années après, nous avions une « composition
française » à faire : « racontez un sauvetage que vous avez vu ou auquel vous avez participé. »
Un sauvetage ? Non, je n’avais participé à aucun sauvetage ! Sauf, bien sûr, celui de pas
mal de bêtes et bestioles, petites ou grosses… Tiens, justement ! « mon » araignée ! J’ai donc raconté le sauvetage de l’araignée… J’ai eu 19 sur 20 ! Vive les
araignées !!!