- Ô rose ! Que tu es belle ! Dans le jardin en fleurs,
Tu es certes la plus belle et la plus parfumée.
Tu as été créée pour aimer, être aimée,
Accompagner nos rires et apaiser nos pleurs.
Mais n’est-il pas cruel, le grand Dieu qui t’as faite,
De vouloir qu’au soleil tu t’effeuilles ce soir ?
Vois ! la chaleur déjà te fais courber la tête.
De vivre encore un jour n’as-tu donc pas espoir ?
- Mais non ! Je suis ainsi. Et je donne à la fois
Ma beauté, mon parfum aux subtiles fragrances.
Je m’offre au papillon, à la brise, à la joie.
Ma vie doit être courte ? Elle en est plus intense.
Je crois bien que chacun, ici bas sur la terre,
A reçu en naissant tout ce qu’il doit donner.
Donner et recevoir, aimer et pardonner.
Le destin de chacun demeure en grand mystère.
Mais, la tâche achevée, qu’importe alors le temps ?
Il est bon de partir, sans regret et sans larmes.
Nous avons tout donné et nous rendons les armes.
Nous partons au Jardin des Eternels Printemps.
Ceux qui passent ici sans oser vraiment vivre,
Sans avoir jamais su s’épanouir vraiment,
Sans souffrir, sans aimer jusqu’à en être ivres
Oui, ceux-là sont à plaindre : oui, je les plains vraiment.
Pour moi, le peu de temps que je passe sur terre,
Je le passe à combler l’attente du passant.
Et je vous offre à tous ma beauté éphémère,
Et je vous offre à tous mon parfum enivrant.
Alors, quand vient le soir et l’heure de partir
Je laisse sans regret choir un dernier pétale.
Ce fut bref ? Ce fut court ? Non. Dans la nuit d’opale
Je sais que pour renaître il faut d’abord finir…
Jacky Questel